Berger de PrapicGreg le Berger de Prapic avec son chien
©Greg le Berger de Prapic avec son chien|Anais Joly

50 nuances de Greg

Le Pastre au grand coeur
  • 1365
  • 3265
  • 3269
  • 3267

Greg est un berger atypique, jeune il n’affectionnait pas les bancs de l’école : il rêvait de liberté, d’ailleurs et de grands espaces. Dès son plus jeune âge, il va aider les “anciens” du village de Prapic aux tâches quotidiennes de la ferme. Un matin, on lui propose de garder un troupeau en alpage : la réponse positive est immédiate ! Nous sommes partis à sa rencontre.

Anaïs JolyAnaïs Joly
©Anaïs Joly
Anaïs Joly

J'aime la vie et les tourtons

La rencontre

50 nuances de Greg, le Pastre au grand cœur

Direction le Lac des Pisses, au départ du village/hameau de Prapic, aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Greg à 2050m d’altitude.

L’eau coule en abondance, les cascades se sont formées avec les orages de la nuit et le spectacle est saisissant ! J’aperçois une silhouette au loin qui me fait signe de la main. “Le Pastre” a troqué son béret pour un bonnet, les premières neiges ont saupoudré les hauts sommets du Parc National des Écrins et la fraîcheur de la fin d’été s’est installée en altitude. Greg me présente le troupeau, ses chiens de conduite, de protection et ses 600 brebis ! “Aujourd’hui, les températures sont presque hivernales et les brebis sont au ralenti ».

Coeur De PastreCoeur De Pastre
©Coeur De Pastre

“Je ne fais plus de ski, mais les sensations de liberté auprès du troupeau en haute montagne me rappellent parfois mes journées de freeride!”

Greg

Son histoire

Un berger pas comme les autres.

Greg est un berger atypique, jeune il n’affectionnait pas les bancs de l’école : il rêvait de liberté, d’ailleurs et de grands espaces. Dès son plus jeune âge, il va aider les “anciens” du village de Prapic aux tâches quotidiennes de la ferme. Un matin, on lui propose de garder un troupeau en alpage : la réponse positive est immédiate et c’est ainsi que depuis l’âge de 16 ans Greg veille sur des centaines de brebis en estive.
L’été il est en alpage et l’hiver il parcourt le monde en tant que freerider professionnel. USA, Suisse, Canada, Japon … il goûte la poudreuse aux quatre coins du globe. Sa carrière s’arrête brutalement suite à une chute spectaculaire lors d’une compétition. Transporté à l’hôpital, après son coma, les médecins sont formels : “vous ne remarcherez pas”. Les rêves du “Pastre freerider” sont alors brisés et le chemin de la rééducation long et douloureux.

Quatre longues années plus tard, grâce à son abnégation, il retrouve ses capacités physiques et décide de se consacrer à son amour pour les bêtes, la montagne et la liberté. “Je ne fais plus de ski, mais les sensations de liberté auprès du troupeau en haute montagne me rappellent parfois mes journées de freeride!” s’exclame-t-il d’un ton nostalgique.

En été je peux aisément avoir des journées de travail qui commencent à 5h du matin pour terminer à 21h30. Tout dépend bien sûr des conditions météorologiques et de l’envie du troupeau.

Greg

Un métier passion, au cœur d’un environnement préservé.

Être berger c’est plus qu’un métier, c’est une passion où l’on veille sur le troupeau de jour comme de nuit. Dès le moindre bruit anormal Greg se lève pour vérifier que ses 600 colocataires aillent bien.

Au petit matin, Greg emmène pâturer ses brebis sur un quartier (zone) prédéfini. La gestion de l’herbe en alpage est un calcul obligatoire pour ne pas manquer de nourriture en fin de saison. Sa journée est rythmée par les temps de pâturage et de chôme (repos) des brebis. Lorsqu’elles chôment, il profite du calme pour soigner ses bêtes. “En été je peux aisément avoir des journées de travail qui commencent à 5h du matin pour terminer à 21h30. Tout dépend bien sûr des conditions météorologiques et de l’envie du troupeau.” ajoute-t-il.

Un beger 2.0

Cœur de Pastre, un berger 2.0 – retour aux besoins primaires.

Dans sa cabane, on trouve des petits trésors : des récits d’aventures en montagne, un carnet de berger inachevé, un jambon sec de Prapic pendu à l’étagère, des opinels gravés et sculptés par lui-même, des vivres et une fenêtre donnant sur la vallée…Ici l’eau qu’il boit est celle du torrent, le lac est sa « salle de bain », ses animaux ses fidèles compagnons, sa terrasse son bureau et la montagne sauvage son terrain de jeu.

“Dans ma cabane de luxe, j’ai même la 4G”, dit-il en souriant. De quoi rester en contact avec sa famille et partager son quotidien sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Cœur de Pastre. Ce Pastre au grand cœur toujours enclin à accueillir et aider les autres.

Berger, mais pas que…  

Entre bienveillance et prévention

Outre le métier de berger, Greg fait de la prévention auprès des visiteurs et essaie de les familiariser avec son métier et les règles à respecter aux abords du troupeau et notamment des chiens de protection. Vidéo ici

“Le but de mes échanges est que chacun puisse évoluer dans un terrain de jeu commun tout en respectant les contraintes et espaces de chacun”. Pendant 6 mois, il est coupé du monde d’en bas. Il adore échanger et prendre des nouvelles de la vallée grâce aux randonneurs ou amis qui lui rendent visite. Il s’amuse à dire que le profil des randonneurs est complètement différent d’une vallée à l’autre. “Au lac des Pisses ce sont les sportifs, à Prapic on retrouve un public plus familial demandeur d’informations pour en apprendre et comprendre les codes du milieu montagnard.” Il aime partager son expérience, sa vision de la vie en alpage et échanger sur la réalité des conditions de son métier qui fait rêver beaucoup de visiteurs parfois un peu utopistes.

Une constante adaptation avec le milieu.

Cette année, nous avons eu de la chance, malgré la sécheresse estivale, l’herbe a été abondante au printemps. L’été a bien asséché le paysage mais l’herbe reste verte au niveau du sol. “J’ai la chance d’avoir de nombreuses sources sur le secteur”, il s’adapte en fonction du débit des torrents pour emmener les brebis s’abreuver quotidiennement. Le manque d’herbe se fait sentir sur les quartiers d’août et septembre. L’amontagnage s’est fait 15 jours plus tôt cette année le désamontagnage sera également avancé. “Ce sont les lois de la nature, c’est elle qui impose ses règles et nous devons nous adapter au milieu qu’elle nous offre. On dit que les années sèches sont des années à brebis, effectivement il n’y a quasiment pas eu de boiteries, l’humidité favorisant les maladies de pieds.

Si d’aventure, vous partiez randonner dans la vallée du Drac noir, ouvrez l’œil et tendez l’oreille, vous aurez peut-être la chance de saluer le Pastre !

VOUS AIMEREZ AUSSI

Fermer